COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.
YOY \ GE U TOCANTI S-ARAGUAYA. 57 riviere libre, à l'extrémité de l'éh'oite embouchure du furo,· et c'est une a 0 réable . o sensation que de rêver d'un horizon plus vaste et d_' un air plus respirable. Ce furo es fac ile maintenant, en comparai~on des difficultés qu'il présent_e Pé té. L' été le canal es t étroit et fait des pancadas assez fort_es, un <t boto » s'est déjà pe1·du à celle d'amont. Maintenant l'eau coule partout avec violence, non seulement au cen~re, mais aussi sur les rives ou cliaque buisson en saillie fait une « pointe d'ean », un pelit rapide; toutefois on passe sans Lrop de peine au gancho et à la forquilha, sauf au quatrieme rapide (le deuxieme d'amont en aval), qui est assez dif'ficile à vaincre. ·Le cinquieme rapide (le premier en amont) esl:i le plus fort des cinq. Sur Ia ·ive la forêt esl serrée. Si 1' on a 5o inetres à farre dans le sous-bois toujours humide et sale, on neles fait que le sabre à la main. A la sortie du Furo do Pequiá, on retronve _la riviere encore une fois à peu pres libre d'iles. On la retrouve sous Ja pluie. Pluie en av_al, pluie au levant : nous allons escortés. Tout 1'orie1it est dans la pluie, et aussi le nord. C'est d'un bleu épais avec des trainées cendrées . Les rives disparaissent sous la .teinte bleu-gris. Des projections de lumiere jaune cheminenl sur la riviere qui parait démesurément s'élargir. 11 souffle maintenant un vent"de trovoada et c'est une trovoada, en effet. Pendant vingt-cinq minutes clle ronfle, souleve de grands_flots ~t nous force à chercher un refoge dans les branchages de la rive ou nons nous maintenons forbement. La riviere bondit ainsi qu'un mer ·démontée; terre et ciel sont noyés dans une pfoie fine qui res~emble à une immense et prodigieuse poussiere d' eau, poussiere fiine, cinglante, qui tourbillonne, tombe dru et parfois eSl projetée horizontalement comme d~s monceàux de :cend-re .de plomb .pai· une artillerie de rêve. Not1s passo:ns la Praia Alta, un des :points bien connus du Tocantins; la Praia Alta est maintenant completement au-dessou~ de l'eau. La région du MAUAN!H.Ã.O est devant nous, Cachoeira, Rebojo, Furo et Pedra. La CAcl-FOEmA no MAllANalo se compose de huit travessões suceessifs, fort rapprochés les uns des autres. C'est une cachoeira moyenne que l'on passe avec une facilité relative , en longeant la L'Íve ganche. 8
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