COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.
VOYAG E AU TO CANTI NS - RAGU .\YA. 45 grand mo uYement d'air . Un souffl e frais clescend qui foit se gonfler les poiLL'in es ; incplie t, on regarcle de toutes parts : est-ce la pluie ? Dans le ciel des changements de. d) cor se font brusquemen t. Voici rná intenanL eles choses qui ressemblent à du printemps. En cffe t q uell e es t cette brise? quelle est cettc ocleut"? Oh! la sentem· et la caresse de cer ta ines brises de mai dans les blés de France?... . serait-ce cela?. Ell es n e peu vent ê tre ici _ qu'une sorte de biznrre mémoire olfact.ive . Le cerveau , par fo is , suggere des sensations et des odeurs, comme pour se reposer de sécr éter sa ns cesse eles iclées. En effet, cette bri-se d e r êve ue se fait déjà plus sentir, l'exquise od em· s'est évanouie. -Plus ri en que d 'àr;es r eleut s ele végéta tions pour r ies, une puanteur que foue lle l'aile lourde de notre vent el' biYer. Et bi entôt tout cela est dissipé ; un apres-midi sec, chaud et clair, ra yonne sur la riviere qui se déroule maintenant avec ampleur entre ses rives espacées. ,Les rayons chauds du soleil d'hiver illuminant de Loutes parts la soirée libre de nuages nous donnenl cette sensa.tion spéciale d'on ne sait quel étrange renouveau. Prosai:qnement les hommes é tendent à ces rayons du soir Leur s vê temeots_mouillés et moisis. Nous passons de gros bate lões à l'ancre avcc eles équipages couchés sm le roufle : on se d em:1nele ce qu'ils font, s'ils v iennent de se réveiller ou s'ils vont s'-endormir. D'un air vague, ils nous ,regardent passer sans ·paraitre ·inlerrompre le rêve commencé 1wr chacun dans son tayon de soleil. ... A ·quoi peux-tu bien rêver, pauvre r·amasseur de castanhas ? · Je , comprends que ces paysages elu Tocantins puissent faire r êver , rêve1· même un ~omme cultivé. Cette riviere n 'est pas comme les autt·es. Avec •ses largeurs souvent mo<leste·s, ses trainées de petites iles, ses p rofondeurs mé– eliocres même aux grosses eaux, on ne sernit point tenté de la prendre pour un a,ffluent de premier ordre du premier eles fleuves. Ses coll\nes riveraines sont basses. Son lit est envahi ·pa1· des huissons. Ses rives sont faites souvent el'immenses marais d'ou émergent en bordure eles javarys pressés. Quancl c' est la forêt, la forêt est inondée et ce n'est qu'à certains endroits qu 'on rencontre quelques petits ilots de terre ferme émergée. , C'esl à un de ces ilots de terre ferroe, un torrão comme on <lit ic1, que nous nous arrêtons, le soir, quand nous ne pouvons trouvee mieux . Mais pour aujourd 'hui c'est à une te1-re haute, é tal ée en ,c1me d ' une b erge à pie, petit
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