COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.

. . VOYAGE .AU TOCANTINS-ARAGUAY 2i s'élargit sensiblement, de nombr~uses iles s'alignent par grÕupes dans le Tocantins agrandi. Cette « Ponla do Cocal » est tres peuplée; une vingtaine de baraques s'v allongent au pied d'1me colline de ceqe rive gauche que nous longeons toujours depuis Alcobaça et que nous suivrons jusqu'au Tapirapé : Aux portes des haraques de la Ponta do Cocal se montrent des femmes indiennes, pures ou métissées, vêtues comme les gens pauvres de l'intérieur, avec des enfants à type un peu plus européen décelant la présence de peres blancs, Cearenses, Maranhenses ou Goya nos, qui évidemment sont, à l'heure actuelle, ,à ramasser la castanha dans la forêt voisine. En voici même qnelques-uns qui arrivent, le dos courbé sous le faix d'une ba1·rique plus ou moins pleine de castanhas, haletalilts haillonneux, embl emes vivants du travail ingrat et de la sordide ' . . . miseve. ºQue ne se meU.ent-ils à la cultiver celte terre de la castanha qui leur donnerait Ie bien-être en y plantant n'importe quoi I Invincible puissance de la routine .... Sans cloute y arrive,ront-i'ls, à l'.agriculture, ces malheureux ramasseurs de castanhas! Tontefois, jusqu'à pt'ésent, le quart à peine de ce « cast~nheiros » est stable, l:fabitant de l'endroit oµ il fait sa récolte. Les trois .autres quarts habitent ailleurs, parfois t: res loin et ne viennent au castanhal qu'à l'époque de la <<safra» . . Cette instabílité eles « castanheiros > donne l'explication de l'état misérable des paillotes 011 ils s'abuitent pendant la saiso~1 d_e la récolte. Ce ne ·sont point là des maisons, ce so:mt des abris temporaii·es, et l'ingrate . profession est en même temps si périlleuse - (le danger de rec~voir, de 5o metres de hauteur, sur 1~-tête, une noix de fa grosseur du poing et tellement dure qu'on ne peut la casser qu'à coups de sabre), - et si pénible (charroyer sur le ·dos, par la forêt, par. les collines, des charges de castanhas de 5o kilos et plus) - qu'il est aisé de comprendre ,pourquoi le malheureux ramassem· de castanhas montre tant de détachement à l'endroit du petit hangar de paille qui pendant quelques moí~ de l'al.ílnée abrite sa triste existence. Pauvre ramasseur de c·astanhas ! le seringueii·o, à côté de lui, est vé ritablement un heureux de ce monde, un capitaliste ! Mai·s on ne travaille pas le caoutchouc au Tocantins, soil que l'arbre y soit trop rare, soit qu'on ne se soit pas encore donné I~ peine d'y chercher des seringaes. (On parle déjà toutefois d'une i-iouvelle qualité de caoutchouc

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