COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.

·-. ,) . . 166 VOYAGE AU TÓCAN 'J;'I NS-ARAGUAYA. Vers le poiut oú . le soleil va se levei' , une vàpeur jaune orangé s'étend et monte derriere les buissons grêles surchargés d'oiseaux blancs. Bientôt une train ée de lumiere raye d'un éclat janne d'or la ·o~ance plomb fondu de la riviere immobile. Au-dessus du point 011 le soleil va paraitre, une _-lueur rougeâtre, vaste, / grandissante, sert de fond de tóile à une scene de genre ou des nnages qui représentent des chevaux, des cavaliers, une so.rte de carrousel, so~lt immo– biles dans une fantastique parade. Puis le soleil surgit, grandit, et illumine un instant, avant de l'effacer, la pittoresque vision auÍ'orale. Nous longeons les Iles du Furo Comprido, qui est rive droite. En ·amont, la r-iviere,_toujours tres large, présente une alternàtive _de campos et de marais sur la ri ve paraense et, une succession ininterrompue de te1:res .,, noyées sur la rive Agoyana. Du côté .Paraense les campos s'étendent jusqu'aux collines boisées, à 2 ou 1 kilome tres dans l'intérieur. Parfois ces campos paraissent noyés sm· presque loute leur étendue, parfois ils se montrent à sec, ou ·plutôt on voit qu 'íls viennent récemment de sécher : il ne subsiste, de Ia, récente inondation, qne des flaques d'eau éparses. Enfin, un peu plus en amont, le campo est sec comple temen t. D'étranges constructions pa1·sement ces campos : des cônes d'argile attei– gnant ou dépassant une hauteur d'homme, monuments bizarres qu'on serait tenté d' attr ibuer d 'abord à la fantaisie d'Indiens bâ(isseurs. Ce sont des n ids de fourm,js. Dans la bordnre r iveraine des campos, des touffes de cambroozes ou petits bambous (üabocas ), jettent une note décorative parmi les maigres végétations. Puis c'est, à nouveau, le campo qui envahit la riviere : les ·graminées de la prair·ie recouvrant <les plages hautes. L.e vent frais d ' í.m soir d' été fait courir un fr isson sur la petite prairie qui doucement s'incline avec un mul'mure affaibli de zéph irs dans des roseaux. Et comme déjà les ombres de la nuit tombante s'allongen t sur la r iviere, nous mouillons au sein de celte bucolique entre la pra irie et des b uissons . ~3. - Sur la plage d ' une ile ·presque accostée, r ive gauche, noll s allons au

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