COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.
• \ OYAGE AU TOC TI 1 S- R GU Y . H,5 21. - La riviere baisse lentement, cette baisse n'a pas encore atteint un demi-metre au-dessous clu niveau maximum de la crue. Nous traversons une enseada ou, sur la rive gauche, le campo foit place à nn marais. Au-de$SUS de !'enseada, des iles de végétations basses avec des campo. minuscules. Aujomd 'hui c'est 1111 ciel d'hiver, de toutes pa,rts surchargé de nuages noirs annonçant l'orage. Sous la vou.te noire le joür se fait obscur, et les ténebres qui gagnent Ie ciel sont faites plus compactes enco1~e par des lueurs crépuscu– laires qui entr'ouvrent l'horizon. Voici que Ie vent du su<l souffie_en tempête. La pluie tombe, cinglante et froide. Les hommes, qui grelottent, enlevent l'igarité dans un furieux mou– vement de pagayes, défiant, de Jeurs gestes et tle lenrs cris ; la trovoada qui dev1~ait nous kouver tranquilles en quelque abri .... Nous longeons maintenant une g1·ande ile qui parait entierement maréca– geuse. Rive gauche, le canal qui, l'été, seche, parait-il, presque completement, est, même maintenant, difficilement praticable, étaut étroit et obstrué. En - amont le canal n'exi~te même plus et l'ile, en réalité, n'est qu'une presqu'ile car l'écoulement de l'eau de la riviere se fait là, no11 par un canal plus ou moins étroit et difficile, mais bien par la forêt même. Au fort de l'été, -l'ile du temps hivernal, la presqu'ile de la demi-sais011, - tout cela n'existe plus; pendant quelques jours le canfll se desseche au point de ne plus présenter que quelques flaques d'eau et l'ile est entierement rattachée à Ja , ter.re ferroe avec laquelle elle fait corps. L'Araguaya, dans ce~te partie de son cours, et jusq4'au l'apirapé pour 1e moins, est une riviere de plages; les rochers, les pierres y sont tres rúes : en amont un furo a été appelé Furo de Pedras parce que aux eaux basses, on y voit quelques r~·ches hors de l'eau·: Le fond n'est que sable sur de grandes étendues, la riviere roule, sur ee foud égal, son flot puissant mais tranquiUe entre des ri ves plates, basses, ot't domi'llent, en Pará Ies campos et dans le Bananal les marais. 22 . _ Des centaines d'aigrettes dorment dans les saranzaes de la rive deoite. Dans le crépuscule du matin leurs formes blanches, immobiJes s'érigent, hiératiques, paemi les 'fenillages ve:rt pâle. '
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