COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.
164 VOYAGE AU TOCANTINS-ARAGUAYA. de la crue s'étendent au pied des arbustes clairsemés du campo, jusqn'au pied des collines qui forment le fond du paysage. · Parfois, comme en aval) le campo envahit la riviere. Parmi les saranzaes, de petites iles se montrent au ras de I'eau; érigeant vers le soleil et la lumiere les tiges mouillées des herbes rever<lies. Dans cette partie aval du Bl'aço Maior, parmi les saranzaes) les _ ilots de campo, les plages, le vapeur devait le plus souvent chercher son chemin - en tâtonnant entre l~s cunaux ince1·tains de ces fonds sabJonneux et chan– gea_nts. I Par moments nous nous reprenons à aller à la vara sur le campo inondé. Un- fort orage gronde sm· ce paysage de déluge. Un vent tres âpre souffle en trovoada. La riviere se souleve vers le ciel. La crête des vagues se borde d'nne écume blanche qui s'irise) sous ce jour de tempête, de curieux reflets jaunes ou verts. Sur le campo inondé, les vagues du large bondissent, accrues, en volume et en ' puissance, du ressac des vagues sur le talus de la barreiea immergée. Une petite pluie de cinq minutes et le vent tombe, les vagues tQmbent, et) des mains des hommes fatigués d'avoir lutté contre la 'tempête, les rames tombent aussi. I[ s'est fait une détente dans le ciel et dans nos nerfs, les mouvements alanguis du flot qui se calme nous bercent avec mollesse en face <lu ciel apaisé qui se remet à soueire. Nous retombons dans la riviere. On longe maintenant un campo qm est actuellement à un demi-metre au-dessus de l'eau et qui a, été, pour 1a plus grande partie, respeclé par la crne. Puis ce sont les saranzaes qui recommencent et les vegétations qui émergen L des plages maintenant noyées. Des arbustes, de hauts buissons élevent au-dessus du flot leurs branches supérieuees ou parfois un nid, évidemment vide, oscille .dans le mouvement saccadé qu'imprime le courant. Par endroits la rive est haut hoisée mais_le campo, qui accompagne à une petite <listance derriere la hordure, rrapparait bientôt sur la rive. Tous les campos riverains de la région ont ét~ pris par la crue de cette année, mais ils ne doivent être atteints que par cette crue ex.ceptionnelie, la crue décennale) car nulle part uu· la rive ils ne paraissent avoir été couverts de. plus de 5o centimelres d'eau, tres rarement 1 metre.
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