COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.
• VOYAGE AU TOCA TINS-AR GU Y . f27 2~. - Le matin est humide, la pluie menace. Sous ·un ciel , ,oilé, des nuages - jaunâtres voyagent vers le sud le long de la riv.e orientale. Au-dessus du Joncon, Slll' l'une ou l'anll'e rive, ce sont de forts couraots tres fatigants par cette riviere pleine. Des le Joncon, -00 ·rencontre en assez grande quantité dans les campos la · mangabeira qui foumit llfl lait analogue à celui clu caoutchouc, mais qui se coagule plus difficileme'nt ou du moins par des p~·océdés étrangers à la défumation. On a fait, dans ces derniers temps, quelque agitation autom· de ce lait de mangaba qui, pour si pen connu et si peu utilisé qu'il soit encore, n?en parait pourtant pas moins àppelé à un certain avenir. Nous prenons Je long Estirão da Ilha das Pombas. L'humidité pevieot froide, la brise qui )a pouss~ du nord vers le sud a elle-même quelque cho<:e <l'aigre, qui donne le frisson. L'Estirão da Ilha das Pombas se présente dans une direction générale nord-sud avec de.s pointes et des enseadas. L'Ilha das Pombas n' est pas la seule de l'estirão, mais elle en est la plus importante et la plus centrale. La rive droite, que nons suivons, n'est maintenant inondée de marécages que par endl'oits. · Nous pássons, sur cette rive, le confluent du Ribeirão d'Agua · Fria, _important afflnent de droite. Un apTes-midi de pluie s'annonce. Un ciel ba~ et bien fermé se resserre sur nous, arrondissaut sa coupole de nuages. C'est d'abord c0mme un suitement, quelques gouttes• fines, rares, dans le morne espace gris. Pl!lis du ciel terne, loujours plus gris, toujours plus rapproché, la pluie tombe; m11iforme, triste, sans répit, sans violence, sans accalmie. Derriere l'épais voile de la pluie tombante, les rives se voient mal : ce , sont comme des lignes grises sur un fond de cendres. Un vent humide balaye ~t ne cesse de balayer tout du long, du. nord áu sud, tout ce long Estirão da Ilha das Pombas. Tout est noyé Slll' les rives; par ce ven t. humide et Eroid va-t-il falloir dormir dans le canol? l il e trouverons– nous pas quielque modeste petit torrão P Le soir tc:n11be. La demi-obscurité du jour · se fait presque complete. Nous chercfaciRs de ia terre, un petit coin de lerre, à la lueur déjà incertaine d'étranges
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