COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.

• 122 VOYAGE Ã'Ú TOCA~TINS ARAGUAYA. Par la matinée sombre et Jourde, 'grosse de menaces d'orage, nous arr1vons au Travessão das Andorinhas·. . Le TRAVESSÃO DAS ANDORINHAS est un (( secco )) prés~ntant trois petits rapides principaux. L'hiver le travessão est au fond de l'eau, l'été, dans le canal, - sinueu~ entre des iles nombreuses, - on ne Lrouve parfois asse~ d'eau pour de fortes embarcations qu'en déplaçant les pierres. C'est, me dit mon pilote, « l'endroit le plus sec de la riviere ·>>. Nous le_ passons peu apres midi, par une averse tellement épaisse, ~ons un ciel tellement ~oir, qu'il semblerait que c'est la nuit qni se fait snbitement, - en raison, pense-t-on, de quelque éclipse.... L'ondée crépite, dru, dans l' eau.de la riviere violemment agitée. Par inslant~ l'obscurité se fait à peu pres complete : on est tenté d'allumer les Ia·nternes. A quelques metres de nous, à notre droite, un ilot de la riviere : nous nous _fourrons dans ses branchages, car nous_ne l'avions pas vu. L'équipage, cependa~t, poussant de plus helle la pagaye, chante, crie, gaiement se démene, paraissant vraiment joyeux. Ils sont ruisselants : la pluie brutale rebondit sur leur torse nu; il est visible qu'ils commencent à avoir froid, ce qui les fait pagayer plus vite et chanter plus fort : c'est du mouvement et du vacarme, - pour se réchauffer ! Par instants quelques coups de tonnerre scandent le chant des pagayeurs; mais le bruit de l'averse assourdit tout. L'ouragan de pluie est passé, mais la riviere est violemment agitée. Nous avons beau raser les branches, de grosses vagues nous soulevent et nous procurent la sensation, Je tangage et le roulis d'un voyage sur :que]que mauváise côte marine par une mer démontée . . Puis, la pluie passée, dans Ja clarté d'un jour tres doux, ce sont, dans la riviere, des paysages inattendus : sur notre rive gauche de hautes berges à pie recouvertes d'un gazon vert tendre, des herges éboulées de cinq à six metres de hauteur mettant à nu une terre rouge tres fortemen..t tassée. Un peu en amont, rive droite, l'Alcleia das Anclorinlias, une baraque sale avec une dizain~ de personnes, hommes, femmes et enfants, le tout tres . maigre; pll'ls un chien éLique at!IX trois quarts prevé. C'est encore une femme qui dirige, mais cette fois d'une façon continue, cette AIJeia Carajá, la nommée

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