COUDREAU, Henri. Voyage au Tocantins - Araguaya: 31 décembre 1896 - 23 mai 1897. Paris: A. Lahure, 1897. 298 p.
114 VOYAGE ;\U TOCANT'INS-ARAGUAYA. . '. .. subsis~ter qn'un étroit canal ou, ·~aintenan_t, des courants assez forts roulent sur le sable. 12. - Un matin biafarei, un ciel gris qui ·Sue la pluie. Entre les Ilhas do Perdido et la rive droite, l'eau, relativement lente, descend dans une forte poussée dessinant de grªnds cercles qui font penser à la surface d'un rebojo qui débor<lerait sous Ies grosses eaux de l'hiver. Dans les grisailles du ciel bas .ºº voit s'esquisser des paysages de pluie tombant .dans les lointains. Il regne une petite brise moite, d'une tiédeur amollissante. L'eau, _vert sombre dans la pénombre des rives et des mornes, s'irise de reflets d'argent dans le courant central. Un calme lourd ~ombe d'un ciel maussade sur la riviere maintenant lente et placide. On entre, par une petite enseada dans l'Estirlio elo Muricizal, puis ce s~nt, jusqu'aux Ilhas do Muricizal, des saranzaes alternant avec des iles petites ou médiocre5. La rive droite, toujours noyée, a pourtant sa chaine de collines dans le fond, à- une petite distance dans l'intérie11r, mais la rive même est un mara1s. A une pointe d'ou nous découvrons à une assez bonne distance-<levant nous, une colorine de fumée qui marche derriere un ilot nous indique un petit vapeur qui descend évidemment 1a riviere ... ? Déeeption ! c'est le batelão du P. Gil; la colonne q.e fomée provient du feu du cuisinier Ambrosio. Le batelão, vu ainsi au sein d'nn nuage de fomée, avec ses huit hommes travaillant sur la tolde d'avant et le pilote juché sur lá tolde d'arriere, est comme l'appa1 1 ition inaltendue et bizarre de quelque Léviathan d'igarapé. . De petits champs flottants d'aruns et de roseaux se montrent, par endroits, le long de notre grand marécage de la rive droite. T.entement, dans la chaleur accablante d' nn apres-midi orageux, nous allons, de ganchos et de forquilhas, le long du marais. La pluie a pris le ciel derriere nous. Elle remonte la rivierc; Nous sento1'ls soudain son vent froid qui chasse d'un seul coup l'oppression que nous valait le ciel d'orage. L'averse viesl sur nous, s'emparant d'abord des collines, pms des r1ves, puis eBvahissant le lit de la riviere. Elle commence d'abord à tomber, mais soudain un violent coup de vent s'eq empare. et la pousse subitement du côté
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