MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

AC1E Ili, SCE;IE ll l ELMl!<E Pour m01, Je crois qu'au ciel tendent tous vos soupirs, Et que rien ici-bas n'arrête vos désirs. TARTUFFE L'amour qui nous atlache aux beautés étcrnelles N'étouffe pas eu nous l'amour des temporelles: Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits ,.que le Ciel a formés. Ses attrails réfléchis brillcn t dans vos parcilles, Mais il étale cu vous ses plus rares merveillcs; Il a sur votre face épanché des beautés Dont les yeux sont surpris, et les creurs transportés; Et je n'ai pu vous voir, parfaite créature, Sans admirer eu vous l'auteur de la natura, Et d'une ardente amour sentir mon oarur atteint Au plus beau des portraits ou lui-même il s'est peint. D'abord j'appréhendai que cette ardeur secrete Ne füt du noir esprit. une surprise adroite; Et même à fuir vos •yeux mon creur se résolut, Vous croyant un obstacle à faire mon salut. Mais enfin je connus, ô beauté toute aimable 1 Que cette passion peut n'être point coupablc, Que je puis l'ajuster avecque la pudeur; Et c'est ce qui m'y fait abandonner mon cmur. Ce m'est, je le confesse, une audace bien grande Que d'oser de ce creur vous adresser l'olfrandc; Mais j'attends, en mes vreux, tout de votre bonté, Et rien des vaias elforts de mon infirmité. En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude; De vous dépend ma peine ou ma béatitude : Et je vais ê.tre enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez; malheureux s'il vous plait. ELMIRE La déclaration est tout à fait galante; Mais elle est à vrai dire un peu bien surprenante. Vous deviez, cc me semblc, armer mieux votre sein, Et raisonncr un peu sur un pareil dessein. Un dévot, commc vous, et que partout on nomme.. , 49

RkJQdWJsaXNoZXIy MjU4NjU0