MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.
LE TAR'WFFE II m'avertit eles gens qui lui font les ycux doux, Et plus que moi six fois il s'en montrc jaloux. l\Iais vous ne croiriez point jusqu'ou monte son zele. H s'impute à péché la moindre bagatelle; Un rien prcsque suffit pour le scandaliser; Jusque-là qu'il se vint, l'autre jour, accuser D'avoir pris une puce en faisant sa priere, Et de ravoir tuée avec trop de colere. CLÉANTE Parbleu 1 vous ,êtes fou, mon frere, que je croi. Avec de tels discours vous moquez-~Vous de moi? Et que pré tendei-vous? Que tout ce badinage... ORtiON Mon frere, ce discours sent le libcrtinage : Vous en êtes un peu dans votre àme entiché; Et, comme je vous l'ai plus de dix fois prêché, Vous vous attirerez quelque mécliante atfaire. CLÉANTE Voilà de ,'os pareils lc discours ordinaire : Ils veulcnt que chacun soit aveugle comme eux. C'est être liberlin que d'avoir de bons yeux; Et qui n'adore pas de vaines simagrées, :N'a ni rcspect ni foi pour les choses sacrées. A.llez, tous vos discours ne me font point de peur, Je sais comme je parle, et le ciel voit mon cc:eur. De tous vos façonniers' on n'est point les esclavcs. II cst de faux dévots ainsi que de faux braves : Et, comme on ne voit pas qu'ou l'honneur les conduit Les vrais braves soient ceux qui font beaucoup de bruit, Les bons et vrais dévots, qu'on dolt suivre à la trace, Ne sont pas ceux aussi qui font tant de grimaces. Eh quoi 1 vous ne fcrez nulle distinction Entre l'hypocrisie ct la dévotion? Vous les voulez trailer d'un semblable langage, Et rendre même honneur au masque qu'au visagc, 1. Fo.iseurs de fuçons, faux honshon1n1es.
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