MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

OHGÓN Mon frere, vous serfoz charmé de lc connaitrc, Et vos ravissemcnts ne prendraicllt poínt de fin. C'cst un homme.. . qui... ah! .. . un homme... un homrnE. [enfin... Qui suit bien ses leçons goüte une paix profonde, Et comme du fumíer regarde tout le monde. Oui, je deviens tout autre avcc son entreticn. Il m'enseigne à n'avoir affcction pour rien; De toutes amitiés il détache mon âme; Et je vçrraís mourir (rere, énfants, rnéte eí femmi:i',·· Que je in'en souciràis autant que de cela. (Il fait un geste de mépris.) CLÉANTE Les sentiments hutnal.ns, lnon frete, que voilà ! ORGON Ah l si vous aviez vu comme j'en fis rencontre, Vous auriez pris pour lui l'amitié que je montre Chaque jour à l'église· il venait, d'un. air doux, Tout vis-à•vis de moi se mctlre à deux genoux. Il attirait les ycux de l'assemblée entiere Prrr l'ardeur dont au ciel il faisait sa priêrc; 11 faisait des soupirs, de grands élancemcnts, Et baisait·humblement la tcrre à tout momcnt; Et, lorsque je sortais, il me devançait vite, Pour m'aller, à ia porte; cffrir de l'cáu bénitc. Instruit par son garçon, qui dans tout l'imitait, Et ele son indigence, et de cc qu'il était, . Je lui faisais des dons : mais, avcc moclcstic, 11 me voulait toujours cn rcndre une partie : . « C'est trop, me disait•il, c'est trop de la moiLié; Jc ne méritc pas de vous faire pitié. " . Et, quand je refusais de le vouloir reprendre, Aux pauvrcs, à mes yeux, il allait le répandre. Enfin le ciel chez moi me le fit rctirer, Et depuis ce temps-là tout scnêblc y prospérer. Je vois qu'il reprend tout, ct qu'à ma fcmme meme !l prend, pour mon honncur, un intérêt extrême;

RkJQdWJsaXNoZXIy MjU4NjU0