MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

Pl\lÍF ,I.CE DE IIIOLlÊllE . ' 1 . d' D' "' pour porler nos espnts a i;i. connaissance un ieu, par la contemplation des mervcilles de la nature; et pourtant on n'ignore pas que souvent on l'a détournée de so11 emploi, et qu'on l'a occupée publiquement à soutenir l'impiété. Les choses rnême les plus saintes ne sont point à .couvert de Ia corruption des ho1nmes; et nous voyons des scélérats qui, tous les jours, abusent de la piété, et,la font servir méchamment aux crimes les plJJs grands. Mais on nc laisse pas pour cela de faire les distinctions qu'il est besoin de faire. Ou n 'enveloppe point dan$ une faqsse conséquence la honté des chóses que -l'on corrompt, avec la malice 4es corrupteurs, Ou sépare toujour$ le mauvais usage d'.avec l'intention d<;l l' art; et, çomme on ne s 'avise point de défend re lei r~1édc~ çine, pour avoir été barmie de Rome, ni la philc>so:phie, pour avoir été con.damnée publiquement dans Athenes, on ne doit point aussi vouloir interdir~ la comédie, pour avoir été censurée eh de certains temps. Cette censure a eu ses raisons, qui ne subsistent point ici; Elle s'est renfermée dans ce qu'elle a pu voir; et nous ne devons point la tirer des bornes qu'elle s'est données, l'étendre plus loin qu'il ne faut, et lui faire embrasser l'ínnocent avec le ioupablc. La comédie qu'elle a eu dessein d'atta– quer n'est point du tout la comédie que nous voulons défcndrc. ll se faut bien garder de confondre celle-là avec celle-ci. Ce sont deux personnes de qui les mceurs sont tout à foit opposées . Elles n'ont aucun rapport l'une avec l'autre que la ressemblance du nom; ()t ce serait une injustice épouvantable, que de vouloir condanmer Olympe, qui cst femme de bien, parce qµ'íl y a une Olympe qui a été déhauchée. De semhlables arrêts, sans doute, feraient un grand désordre dans le monde. 11 n'y aurait rieu par là qui ne fut condamné, et puis– que l'on ne garde point celte rigueur à t_1mt de choses dont 0n abuse tous les jours, on doit bicu faire la même grâce à la comédic, et approuver les picces de théâtre ou l'on verra régner l'instruction et l'honnêteté,