MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

PRÉFACE DE MOLIERE l Voici une comédie dont on a fait beaucoup de bruit, ct qui a été longtemps persécutée; et les gens qu'elle joue ont bien fait voir qu'ils étaient plus puissants en France que tons ceux qqc j'ai joués jusqu'ici. Les marquis, lcs précieuses, lcs cocus ct les rnédecins, ont sonffert clouccment qu'on les ait représentés, et ils ont fait semblant de se divertir, avec tout le monde, des peintures que l'on a faites d'eux; mais lcs hypocritcs n'ont point entendu raillerie: ils se sont effarouchés d'abord, et ont trouvé étrange que j'eusse la hardiesse de joucr leurs grimaces, et de vouJoir décrier un métier dont tant d'honnêtes gens se mêlent. C'est un crime qu'ils ne sauraient me pardonner, et ils se sont tons armés contre ma comédie avec une fureur épouvan– table. Ils n'ont eu garde de l'attaquer par le côté qui les a blessés : ils sont trop politiques pour cela, et savent trop bien vivre pour découvrir le fond de leur âme. Suivant leur louable couturne, ils ont couvert leurs intérêts de la cause de Dicu; et le Tarluffe, dans lcur bouche, est une piece qui offense la piété. Elle est, d'un bout à l'autre, pleine d'abominations, et l'on n'y trouve rien quine mérite le feu. Toutes les syllabes en sont impies; les gestes mêmes y sont criminels ; ct le 1. Cette préface a été mise par l\foliere en tête de Ia premiere édition du Tartuffe qui fut publiéc cn 1669, quelqucs mais seule– ment apres la seconde représentation snr lo ThéO.tre du Palais– Il.oyal, et deux ans apres la représent~tion interdite par M. de Larnoignon ,

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