MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

flUR TARTUfT).l les cho~es que l'on doit révérer; que je l'ai traitée avec L9utes les pi·écautions que me demandait la délicatesse de la rnatiern, et que j'ai mis tout l'art et tous les soins qu'il m'a été po;,sible, pour bien distinguer le per– sonnage de l'hypocrite d'avec celui du vrai dévot. J'ai employé pour cela deux acles entiers à préparer Ia venue de mon scélérat... D'un bout à l'autre, il ne dit pus un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractere d'un méchant homme et ne fosse . éclater celuj du véritable homm~ de pien que je Jµi oppose... n Q1,J.i d9nc avait raison, Louis XIV autorisant lti Tar– tujJe, ou Napoléon l" disant: (< Si la piece avait été faite de mon temps, je n'en aurais pas permis la repré– sentation; n le clergé accusant Moliere d'impiété, ou Moliere protestant contre cette accusation? II ne semble pas douteux qu.e Moliere a pressenti le dariger, pour la société conime pour l'individu, des vrais dévots comme des faux, et prévu le formidable empiétement de la cabale, cj.u parti clérical, sur toutes les libertés; et l'on peut se demander si ce n'~tait pas contre les vrais dévots qu'il eut voulu, d'abord et sur– tout, porter sou attaque. Les hypocritcs sont dos gens avisés, des arrivistes habiles à praliquer les plus surs moyens de parvenir; s'ils singent la piété, c'est, sans doute, à bon escient, parce que la piété est bien en cour et maitresse du pouvoir. Les vrais dévots, étant puissants par le nombre et par l'influence, font naitre · les faux dévots, avides de participer à cette puissance, Les Orgons créent les Tartuffes, et la crédulité nai:ve des uns ést peut-être plus nuisible que le bigotisme simulé des autres. Tant que les vrais dévots domineront, pour un faux clévot démasqué, il en surgira clix. Un génie pénétrant comme l\1oliere, qui sentait, qui voyait le

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