MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

XVI snn T.\RTUFFE monde! On a beau savoir leurs intrigues et les connaitre pour ce qu'ils sout, ils ne laissent pas pour cela d'être en crédit parmi les gens, et quelque bais– sement de tête, un soupír mortifié et deux roulements d'yeux rajustent dans le monde tout ce qu'ils peuvent faire. C'est sous cet abri favorable que je veux me sauver et mettre en sureté mes aITaires. Je ne quitterai point mes douces habiludes, mais j'aurai win de me cacher et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai sans me remuer prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous... Je me fcrai le vengeur des intérêts du ciel, et, sons ce prétexte commode, jc poursuivrai mes ennemis, je les accuserai d'impiété, et saurai <léchainer contre eux des zélés indiscrets qui, sans connaissance de cause, crieront en public apres eux, qui les accableront d'injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. _C'est ainsi qu'il fout profiter des faiblesses des hommes, et qu'un sage esprit s'accommode aux vices de son siecle. )) En 1667, Moliere nensa réussir. 11 avait changé le nom, immortel en naissant, de Tartujfe, en celui de Panulphe, adouci quelques passages, intitulé la piece l'Jmposteur, déguisé l'homme d'église en homme du monde. 11 joua la comédie ainsi édulcorée au Palais– Hoyal, le 5 aout, et le succes fut grnnd. Mais cet actc d'audace souleva les coleres du Parlement et du clergé. Dos le lendemain, un huissier, envoyé parle président de Lamoignon, vint interdire la deuxieme rcprésenta– iion, et, le I 1 aout, l'archeYêque de Paris, M. de Harlay, lançait une ordonnancc contre l'lmposteur. Une fois de plus la cabale l'emportait. Mais le poete ne se lassait point. Comme le roi son

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