MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

XII SU!l TARTUFFE et lcs politiques avisés, peu scrnpuleux, ar<lenls à masqucr de pieux dehors lems ambitions particulieres et leurs intrigues plus ou moins avouables. Grâce aux vrais dévots, et sous leur couvert, les hypocrites recher– chaient, conquéraient le pouvoir, les honneurs, l'ar– gent, toutes les puissances matérielles. Ce parti n'ex– communiait pas seulement les comédiens, il détestait, il prélendait suppri~1er le théâtre lui-même. Placé hors ele l'Eglise par sa profession, ami de la raison et du librc examen, - son ceuvre le montre assez, - 1\foliere devait néccssairement se heurter aux gens de la cabale. Plas d'une fois déjà leur haine l'avait égratigné, cn attendant mieux. Jusques aux comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, ses rivaux, qui, évidemmeut_ sur de pieux conseils, avaient accnsé d'impiété l'Ecole des Femmes et son auteur. Ses gouts, ses convictions philosophiques, son intérêt, sa gloire, tout poussait Moliere à riposter, tout s'r.ccordait avec son devoir professionnel de poete dramatique pour l'inciler à attaquer sur la scene, à clémasquer ses redou– tables adversaires, à les mettrc hors d'état de nuire, s'il le pouvait. (< Le devoir de la comédic, 11 écrivait-il duns son premier placet au roi, << le devoir de la comédie étant de corriger lcs hommes en les diverLissant, j'ai cru que je n·avais rien de mieux à faire que d'attaquer, pa r dcs peinturcs ridiculcs, les vices de mon siecle; et, comme l'hypocrisie, sans dou te, en est un dcs plus cn usuac, eles plus incommodes et des plus dange– rcux, j':wais eu, Sire, la pensée que je ne rendrais p:rn 111) p lit service à tous les honnêtes gens de volre r,1yaurne , si je faisais une comédie qui déci-iât les li_ypocrill's, ct mit cn vue, comme il faut, toutes les g-r imaccs étndiées de ccs geris de bien à outrance, loll lcs lcs friponncrics convertes de ces faux mon– úaycurs cn dévolion, qui veulent altraper les hommes nvec un zele contrefait et une clrnrité sophistique... ))