MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

ACTE V, SCE:-E I Afin que pour nier, en cas de quelque enquêle, J'eusse d'un faux-fuyant la faveur toute prête, Par ou ma consciencc eut pleine sureté A faire des serments contre la vérité. CLÉANl'E Vous voilà mal au moins si j'en crois l'apparence; Et la donation, ct cette confldencc, Sont, à vous en parler selon mon scntiment, Des démarches par vous faitcs légeremcnt. On peut vous mener loin avec de pareils gages : Et, cet homme sur vous ayunt ces avantagcs, Le pousser est encor grande imprudence à vous; Et- vous deViez cherchcr quelque biais plus dom•. ORGON Quoi ! sous un bcau scmblant de ferveur si touchanlc Cacher un camr si double, une àme si méchantcl Et moi, qui l'ai rcçu gueusant ct n'ayant ricn ... C'en est fait, je renonce à toui les gens de bien; J'en aurai désormais une horrcur effroyable. Et m'en vais devenir pour eux pire qu'un diable. CLÉANTE Eh bien ! ne voilà pas de vos emportements 1 Vous ne gardez en rien lcs doux tempéraments. Dans la droite raison jamais n'cntre la vôtre; Et toujours d'un exces vous vous jetez dans rautre. Vous voyez votre erreur, ct vous avez connu Que par un zele feint vous étiez prévenu. Mais, pour vous corriger, quelle raison demande Que vous alliez passcr dans une erreur plus grande, Et qu'avecquc le creur d'un pcrfide vaurien Vous confondiez les creurs de tous lcs gens de bien? Quoi ! parce qu'un fripon vous dupe avec audace Sous le pompeux éclat d'une austere grimace, Vous vouicz que partout on soit fait comme Jui, Et qu'aucun vrai dévot ne se trouve aujourd'hui? Laissez aux liberlins ces soltes conséquences : Démêlez la vertu d'avec ses apparences, Ne hasardez jamais votre estime trop tôt, m soyez pour cela dans le milieú qu'il faut. i7

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