MOLIÈRE (pseudônimo). Tartuffe ou l'imposteur: comédie en cinq actes. Paris: Librairie Universelle, 1667. 94 p.

SUR TARTUFFE Une piece d'actualité, une riposte, une satire, un pamphlet, une comédie, un drame: Taril~[fe est tout cela, et c'est pourquoi Tartaffe a élé tour à tom et tout à la fois conspué par les uns, acclamé par les au~res, avant d'être définitivement sacré chcf-d'ceuvre impérissable. A quel point Tartujfe jaillit de l'actualité, de cette actualité que lc génic fait éternelle, c'est ce que montre un rapidc coup d'ceil jeté sur l'époque oú Moliere l'écrivit. Nous sommes aux lendemains de l'Hôtel de Ramboaillei et des Précieuses, en pleine lutte teli– gieuse suscitée par je ne sais quelles sublilités théolo– giques entre les Jésuites par trop accommodants et les Jànsénistes par trop rigides. Le regne du bel esprit avait pris fin; celui de la dévotion, fausse ou vraie, comrnençait. La Religion, base de la Royauté absolue, ét sa raison d'être, étendait chaque jour son empire. Les dévots formaient le parti le plus puissant - on disait alors la Cabale - à la cour comme à la ville. La Religion n'était plus seulement une affaire de con– viction intime, clle devenait un instrument de conquêt.c politiquc, elle était un parti, le mêrne qu'on appela depuis le parti clérical. Alors comme aujourd'hui, ce parti se composait de deux sortes de gens : les dévots sinceros, mais fuornés,

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